Une histoire qui se perpétue depuis quatre générations… Tissage de Luz, c’est la passion de Maïté Fanfare pour une activité qu’elle n’envisage pas autrement qu’artisanale et haut de gamme.
Espelette, route de Cambo. Des ouvrières s’affairent dans l’atelier. L’une découpe sur la grande table en bois ; l’autre coud consciencieusement sur sa machine. De l’autre côté du mur, Patricia place les nouveautés en rayons et accueille les clients. L’ambiance est sereine, le cadre sobre, les tissus sont colorés et harmonieux.
Maïté Fanfare a choisi d’installer Tissage de Luz dans ce bâtiment d’Espelette en 2006. Déjà présente à Saint-Jean-de-Luz, elle voulait s’implanter à l’intérieur des terres. La surface et l’emplacement du local l’ont convaincue. Il peut accueillir à la fois les bureaux, l’atelier et le magasin. Et puis, Espelette attire du monde avec le piment, et cette maison, juste en bord de route, est bien visible.
Des origines béarnaises
Si l’on remonte le fil de l’histoire, il faut franchir la frontière basque pour aller en Béarn, à Gestas. C’est là qu’il y a un siècle, en 1908, Jean-Baptiste Gouze, le grand-père de Maïté Fanfare, crée son premier atelier de tissage mécanique. À l’époque, il fabrique surtout des mantes à bœuf, cette toile qui protège les bêtes du soleil et des parasites. Mais il tisse aussi du linge de table. Quand il s’installe à Bayonne, en 1932, pour trouver une main-d’œuvre qualifiée plus facilement, la palette de couleurs glisse du bleu marine et rouge vers des camaïeux de vert, d’orangé et de bleu. Et les rayures se regroupent par sept : les sept provinces du Pays basque. La crise du textile obligera la famille à cesser toute activité à la fin des années 1970. Mais Maïté Fanfare a le tissage dans le sang et, après une deuxième vie faite de voyages et d’autres activités, elle décide de faire un retour aux sources avec la création, en 1992 à Saint-Jean-de-Luz, de Tissage de Luz.
45 000 mètres de tissu
Pour s’imposer dans le paysage du linge de table, elle mise sur la couleur et la qualité traditionnelle de ses tissus, fabriqués en France. Chaque année, plusieurs nuances viennent enrichir l’offre. Une soixantaine de teintes cohabitent désormais au sein des différentes lignes de la maison : linge de table, sacs, linge d’office, accessoires, toiles de transat, serviettes éponge…
La styliste coloriste et Jérôme Fanfare – le fils de Maïté, qui a rejoint l’entreprise au début des années 2000 – étudient les tendances pour coller à la mode. Une fois leurs propositions validées et transformées en plans de fabrication, le processus peut démarrer. Les bobines de coton écru sont teintes au fur et à mesure des besoins. Les fils sont envoyés à Lyon, où ils sont ourdis couleur par couleur avant d’être tissés. Les rouleaux de tissu rebroussent ensuite chemin pour revenir au point de départ. Car, à part l’enduction de certaines nappes qui se laveront d’un coup d’éponge, toute la confection est toujours réalisée à Espelette. À la main, artisanalement. Et c’est un sacré travail quand on sait que, Tissage de Luz, ce sont environ 40 000 à 45 000 mètres de tissu vendus par an !
Une petite révolution
Cette saison, la maison vit une petite révolution… Les sempiternelles rayures plus ou moins larges et plus ou moins marquées vont cohabiter avec des bulles ! Alors que les pois envahissent de nouveau les collections de prêt-à-porter, Tissage de Luz a en effet choisi de présenter un tissu sur lequel lévitent de grosses bulles en ton sur ton. Dans les nuances de rouge ou de bleu. Cette collection éphémère casse le rythme installé depuis la création. Elle est déclinée sous différentes formes : nappes, serviettes, coussins…
Depuis l’origine de Tissage de Luz, les ventes vont crescendo. Un constat qui illumine le visage de Maïté Fanfare d’un sourire radieux. Pari réussi pour cette femme ambitieuse et passionnée que la retraite ne tente pas !
Texte : Sandrine de Tassigny – Photos : Jean-Daniel Chopin. Paru dans Sud Ouest Gourmand n°9.
Un commentaire sur "Tissage de Luz, au fil des générations"
Bonjour,
Une remarque si le Gestas dont vous parlez est bien entre Tabaille et Rivehaute (64190) :
Gestes est une enclave basque (de Soule) et non un village béarnais.
Ce village fait partie du syndicat de soule et si vous allez au musée dans le vieux Bayonne, vous trouverez une veille carte le montrant bien.
Bien à vous