La Bibliothèque municipale de Bordeaux organise une grande exposition patrimoniale consacrée au « Repas gastronomique des Français ». Jusqu’au 19 juillet 2014, une plongée dans l’ambiance séculaire de la gastronomie.
Consacré en 2010 par l’UNESCO comme « pratique sociale coutumière», le repas gastronomique des Français se décline ici en 4 thèmes. D’une brasserie art-déco à une cuisine des années 1950, en passant par une salle à manger du XVIII° siècle, Nicolas Barbey propose de traverser l’histoire de la Cuisine française de manière thématique et non chronologique. Le responsable du Patrimoine aux bibliothèques municipales de Bordeaux s’explique : « Il fallait que l’exposition soit quelque chose de juste. Nous avons trouvé un équilibre entre le scientifique et le ludique. La présenter selon des thématiques nous semblait en ce sens plus opportun ». L’esthétisme des décors, la diffusion de séquences de films et la mise en place d’ambiances sonores éveillent les sens et la curiosité du visiteur.
La visite commence dans une première salle qui reprend les codes de la brasserie du début du XX° siècle siècle. Un fond sonore mêle le tintement des verres et couverts à des discussions étouffées. Un écran diffuse des extraits d’émissions gastronomiques qui ont marqué les téléspectateurs. On ne peut s’empêcher de sourire devant les frasques de Maïté et Micheline, en lutte avec une anguille vivace. Dans les galeries, brille sous mille feux le plus ancien traité culinaire, le Platina, écrit au XV° siècle par Bartolomeo Sacchi. On y découvre aussi un exemplaire du guide Michelin de 1929, déjà rouge.
La salle suivante expose le repas comme pratique sociale. Des grands banquets aux pique-niques, le repas des Français est avant tout un rite, une coutume. De nombreux menus présentent l’évolution de nos rapports au repas. Parmi les cartes exposées, celle d’une croisière Bordeaux-Casablanca de la fin du XIX° siècle ou celle d’un banquet de 1895 qui ne compte pas moins de 6 services. Le respect des services est d’ailleurs un sacerdoce pour les « Gaulois », comme le rappelle un traité de cuisine de 1739.
La cuisine régionale, elle aussi, est mise à l’honneur
Dans la cuisine « fifties », très harmonieusement aménagée, s’entremêlent de nombreux ouvrages évocateurs de tendances historiques. Datant du début du siècle, un livre de recettes pour jeunes filles anticipait l’arrivée des femmes dans les fourneaux des restaurants. Ce fabuleux décor est aussi l’occasion de découvrir comment les rédacteurs de l’époque mettaient déjà en avant la cuisine des régions. La bonne cuisine du Périgord, écrit en 1929 par Renée La Mazille, en témoigne.
À l’authenticité des décors et la pertinence des documents présentés, s’agrège l’explosivité de la dernière marche de la visite. Le bouquet final est pour le moins garni : des extraits de films sont constamment projetés, de toutes époques et de toutes exigences artistiques (Le Festin de Babette, Tampopo, Les Saveurs du Palais, La Soupe aux choux, L’Aile ou la cuisse, Les Visiteurs, Ratatouille). En face, le « Hall of fame » où sont présentés 5 chefs légendaires (dont François Vatel, Guillaume Tirel alias Taillevant, Georges Auguste Escoffier) et 5 critiques qui ont fait l’histoire de la gastronomie (Jean Anthelme Brillat Savarin, Charles Monselet, Maurice Edmond Sailland alias Curnonsky).
Pour conclure ce délicieux voyage, les visiteurs collent un post-it personnalisé sur un Frigidaire d’époque. Le « frigo » de nos grand-mères est entouré d’un mur d’étoiles, chacune représentant un grand chef contemporain.
Exposition « Ripaillons », du 20 mai au 19 juillet 2014 à la bibliothèque municipale de Bordeaux.
Salle d’expositions, niveau rez-de-rue
85, cours du Maréchal Juin 33000 Bordeaux
05 56 10 30 00, bibliotheque.bordeaux.fr
Nicolas Rinaldi
A lire également : notre interview de Caroline Poulain sur la place des menus dans l’Histoire.