Rien ne prédestinait le gamin américano-gallois à devenir l’un des chefs d’entreprises les plus innovants du Sud-Ouest. A part, peut-être, le rugby. Il existe un lien, ovale, entre les origines de Karl Moose et le dernier essai de sa vie qu’il est en train de transformer. A 55 ans, l’ancien joueur de la jeune équipe du Pays de Galles dirige la société Moose Smokehouse, installée à Auch. C’est au pays du canard qu’il a choisi de profiter d’une passe favorable pour se spécialiser dans le saumon fumé. Sa vie est faite d’événements aussi imprévisibles que le rebond d’un ballon ovale.
Né en Louisiane d’une mère galloise et d’un père américain, il part faire ses études au Pays de Galles puis en Angleterre. A 12 ans, il étudie éloigné de sa famille. Il suit des cours d’informatique à la Liverpool Polytechnic et découvre le rugby. Il intègre l’équipe des moins de 21 ans du Pays de Galles. En 1980, diplôme en poche, il décide de se rendre en Afrique du Sud, terre de rugby. « Je pars avec 90 livres sterling, me disant que je travaillerai pour gagner de l’argent et poursuivre ainsi ma route. » Arrivé dans le Sud-Ouest de la France, ses finances sont déjà à sec. Il débarque à Marmande, en Lot-et-Garonne, pour se faire embaucher, en 1982, comme informaticien. « Je connaissais quatre mots de français: « oui, non, deux bières! », s’amuse aujourd’hui le gaillard au sourire aussi large que sa générosité.
« J’avais deux boulots, il a fallu choisir »
En 1983, il rejoint, avec femme et enfant à naître, La Rochelle où il devient analyste informatique à l’hôpital. En 1985, il est à Bègles où il joue avec l’équipe mythique des « Rapetout », les Simon, Laporte, Moscato, inventeurs de la tortue béglaise. Il est aussi informaticien et analyste expérimenté pour la société Capgémini. Un peu avant 1989, il s’installe « durablement », 10 ans, à Angoulême, où il décroche le poste de responsable du service informatique de la communauté de communes. Il joue à Angoulême, un peu, et devient rapidement entraîneur-joueur de Poitiers. Et puis, avec la quarantaine, Karl Moose a eu envie de faire autre chose. D’aller ailleurs. Encore une fois.
Il pose ses valises et celle de sa famille, en 1999, à côté de Toulouse. En même temps qu’il poursuit sa route d’informaticien, il joue dans l’Aude avec son ami Spanghero. En 2000, il est « cassé de partout » et n’aime pas le saumon fumé. « Je trouvais cela écoeurant ». Jusqu’à ce qu’il goutte celui que fume l’un de ses amis en Ecosse. En 2006, il en importe dix filets, « pour les copains, pour Noël ». Les amis sont de fins gourmets et en redemandent l’année suivante. En 2007, il en fait venir 40, en 2008, 112 et débute ainsi sa nouvelle vie.
« Au début, j’avais donc deux boulots, il a fallu choisir. » En 2010, il importe 650 kg de saumon fumé d’Ecosse qu’il propose aux comités d’entreprise. Puis, il décide d’importer le poisson mais de le fumer lui-même. C’est la chambre de commerce et d’industrie du Gers qui, spécialisée dans l’industrie agroalimentaire bio, lui fait les yeux les plus doux. Il s’installe donc sur l’Agroparc d’Auch en 2012.
Fileté et salé à la main puis séché et fumé à Auch
Il vend du saumon d’Écosse ou d’Irlande, bio ou conventionnel, fumé à chaud ou à froid dans son fumoir. Il propose depuis quelques mois de la brandade de saumon fumé et va bientôt sortir une gamme de crevettes, veloutés, de soupes et de sauces à base de saumon fumé.
Le saumon de Moose Smokehouse provient de la côte occidentale d’Ecosse ou de la côte occidentale d’Irlande, près de l’île de Care, pour le saumon bio. Ce dernier grandit là où les courants marémoteurs sont très forts. « Ils évitent la stagnation et donc, les parasites et la présence de substances chimiques toxiques. Les poissons sont nourris avec des harengs, maquereaux ou plancton biologiques. Le nombre de poisson est limité. A la fin de leur vie, ils auront donc parcouru 23 000 km, autant que les saumons sauvages. » C’est pour cette raison, que le saumon fumé de Moose Smokehouse n’est pas gras. Il est fileté et salé à la main puis séché et fumé à Auch. Et ne se déguste jamais aussi bien qu’avec une bonne rasade d’amitié.
Moose Smokehouse, ZAC Mouliot, Agroparc à Auch. Tél. 05 62 58 22 12.
Article de Gaëlle Richard publié dans Sud Ouest le Mag du samedi 20 septembre 2014. Photos Michel Amat.
2 Commentaires sur "Gersois et complètement fumé à la Moose Smokehouse"
un ancien SCA Rugby
Bonjour,
j’ai acheté au marché de Noël à AUCH une plaque de saumon tranchée plus un paquet de saumon en morceaux celui ci était excellant, mais la plaque je n’ai pas pu la servir à mon réveillon car elle était sèche, impossible d’enlever les tranches. J’ ai été déçue, je n’étais pas habitué car j’en ai déjà pris il étais très bon.
le prix ne correspond pas à la qualité.