Il est des tables dont on devient l’ami dans l’instant. Gochoki à Biarritz est une de ces adresses chaleureuses et préservées.
Ici pas besoin d’être une grande pointure question technique, de savoir reconnaître une sole d’une limande ou un vin du Piémont d’un vin du Languedoc. A Gochoki (traduisez « l’endroit tranquille », « la douceur »), à quelques enjambées de l’aéroport de Biarritz-Parme, la cuisine est brute, naïve, saine, à l’ancienne. Ce n’est ni l’excellence barbante ni la tyrannie exquise, c’est bon et correct, on est bien au-dessus de son assiette et on en a pour son argent.
Cette table populaire (menu à 12 euros, entrée, plat, dessert, vin, café) est propriété collective et bien commun, les habitués y sont chevillés et la fréquentent comme une concession à perpétuité. Le client est roi, les budgets serrés et les budgets chanceux sont traités à égalité, c’est le casse-croûte à la fourchette, sans chichis, sincère et direct, il n y a pas d’heure, vous pouvez améliorer l’ordinaire avec l’omelette aux cèpes (8 euros), le gras double pomme vapeur (8 euros), la côte de bœuf pour 2 (30 euros), la bouteille reste à portée de main, le pain ne date pas de la veille, le service, au sprint, est alerte et enjoué. Jean-Michel Elissalde, le propriétaire, originaire d’Ascain, boucher de son état –il avait pignon sur rue à Ciboure–, plein d’indulgence et de bonté, sert aussi des mots derrière le comptoir. La veillée est à toute heure, on redescend sur terre, il existe une grosse sonorité humaine, il fait bon s’y « frictionner » et on en sort meilleur.
52 euros la pension complète
Foin de l’esprit partisan, les couleurs de l’Aviron Bayonnais et du Biarritz Olympique cohabitent pacifiquement et incarnent les mêmes valeurs. Les initiés le savent, si vous avez besoin d’un plombier, d’un couvreur ou d’un installateur de pompe à chaleur pour votre piscine, vous gagnerez du temps en venant sur place, tous les corps de métier –la proximité alentour des chantiers– ont leur rond de serviette. Le matin, au café, les nouvelles de l’agglomération alimentent les conversations, Gochoki est le passage obligé, on y commente ce qu’on ne commente pas ailleurs. Jean-Michel Elissalde se réjouit de ce supplément d’âme qui fait que celui qui franchit la porte pour la première fois devient l’ami dans l’instant de ce fief du bien-vivre et du bien-manger aux idées larges.
Les chefs étoilés Andrée Rosier et Jean-Claude Tellechea, en quête de simplicité et de convivialité, viennent chercher ici le dépaysement et apprécient le menu ouvrier qui change tous les jours ; le jour de notre visite, il était servi une salade de pâtes à la luzienne avec tomate et thon, une omelette à la morue accompagnée de frites maison et un flan au caramel.
Le premier vendredi de chaque mois le bel ordinaire est embelli, le merlu koskera, le couscous, la paella ou la pêche melba s’invitent. Le chef, Jean-François Torres, sort le grand jeu sans se prendre au sérieux, le vin est de la même veine que la cuisine et l’ambiance, il a du répondant, se boit à plusieurs et est facturé sans exagération. L’établissement compte 5 chambres, les tarifs sont imbattables, il en coûte 46 euros la demie pension et 52 euros la pension complète !
Article de Jacques Ballarin publié samedi 17 mai 2014 dans le Mag Sud Ouest.
(1) Gochoki, restaurant hôtel bar, 41, avenue du Maréchal Juin, à Biarritz (64). Tél. 05 59 23 93 36.
3 Commentaires sur "A Gochoki (Biarritz), le casse-croûte à la fourchette"
Jean michel sa donne envie de venir manger chez toi en souvenir du TOP 16
IKUS ARTE
Felicitations,à Jean-Mi et son équipe;nous avons pris le repas de midi,et rien à dire au niveau qualité
prix ainsi qu’à l’accueil. Ne changer rien « les poèles sont toujours impecs » Dés notre retour au Pays
Basque;nous reviendrons avec plaisir. Les Gardois Aout 2015.
Ça doit faire longtemps que vous n’y avez pas été parce que nous y avons été jeudi dernier et l’une de nous n’a rien pu avaler. Petite portion de ris de veau trop vieux et frites pas assez cuites pour tout le monde y compris le Pain sec du service précédent. Verres sale… Bref une seule fois
suffit.