Envie d’un repas de fin d’année au restaurant? Sur la table, de nombreux clients dégusteront -sans le savoir- la cuisine industrielle vendue « clefs en main » par quelques grossistes de l’agroalimentaire. Nous avons testé la qualité de leur cuisine avec le chef Christopher Coutanceau à la Rochelle.
Si le propos n’est évidemment pas de laisser penser que seule l’élite de la gastronomie peut dignement sustenter la France, l’expertise d’un chef doublement étoilé n’est pas de trop pour démêler le vrai du faux parmi ces menus « Canada Dry » inondant les tables des restaurants à l’approche des fêtes.
Connu pour son franc-parler et son amour du produit, le Rochelais Christopher Coutanceau a associé ses papilles à celles de Jacques Ballarin, chroniqueur au journal « Sud Ouest ». Dans leur assiette, le menu « Prestige » prêt à décongeler d’un distributeur agroalimentaire de l’ouest de la France. Facturé 5,67 € au « restaurateur », vous le retrouvez à la carte aux alentours de 30 euros.
L’entrée : pyramide de tartares saumon et saint-jacques (facturée 1,25 € au restaurateur)
« L’odeur est forte, presque repoussante. Le saumon n’est pas dénervé et les saint-jacques ont tout l’air d’être des pétoncles. Il y a tromperie. La consistance de l’ensemble est proche de la bouillie. Très mauvais. »
Le plat : mijoté de marcassin et sa sauce au cognac fine champagne (2,35 € la portion)
« Au nez, c’est moins choquant que l’entrée. L’aspect, comme le nom du plat, a une certaine allure dans l’assiette. Mais la viande, granuleuse, semble plus avoir été bouillie que mijotée. On devine la présence d’épaississants. Impossible de deviner qu’il s’agit de marcassin si ce n’était pas écrit dessus. Seule la sauce au vin donne un goût, mais on ne retrouve absolument pas celui du cognac. Conclusion, c’est comestible ; quand on a faim, on le mange. »
L’accompagnement : gratin de pomme de terre cèpes et bolets (0,58 € pièce).
« C’est très sec alors qu’il n’y a pourtant rien de plus facile à faire qu’un bon gratin. Quant aux champignons, on se demande s’ils ne se sont pas contentés d’un arôme synthétique tant on ne les voit pas. Zéro pointé ! »
Le dessert : tourbillon tout chocolat (1,49 € pièce).
« Visuellement, ça marche, ça donnerait presque envie… La texture et la mousse sont bonnes. Il y a des desserts maison pires que ça. Rien à dire, ça passe, avec un peu de crème anglaise autour on le retrouvera à 9 euros à la carte de certaines tables. Et tout cela sans avoir besoin d’un pâtissier hélas… »
Article de Sylvain Cottin publié dans Sud Ouest le 14 décembre 2012. Photos Thierry David et Pascal Couillaud.