Parmi la vingtaine de véritables herboristeries qui subsistent encore en France, Le Tisanier d’Oc à Bordeaux se démarque en proposant une gamme de tisanes 100% gourmandes.
On vient y chercher, au moment des fêtes, le réconfort des foies fatigués, le salut des reins surmenés, la digeste chaleur d’après les soirées d’excès… Ouverte en 1950, l’ancienne Herboristerie Saint-André a soulagé les rates et les vésicules de générations de Bordelais.
Couverte jusqu’au plafond d’étagères en bois patiné, elles-mêmes remplies de sacs en papier kraft contenant les feuilles odorantes, les fleurs ou les bourgeons, les racines ou les écorces aux réputations curatives, elle semble n’avoir pas changé. Rebaptisée « Le Tisanier d’Oc » depuis un quart de siècle cette année, la petite échoppe en bois rouge du bas de la rue Bouffard continue de voir se presser ceux qui croient aux vertus des plantes. Mais pas seulement.
Tout herboriste et docteur en pharmacie qu’il est, Charles Demau, son maître des lieux, a développé une gamme de tisanes purement gourmandes qui ont petit à petit gagné leur renommée. Assemblages de cannelle, de gingembre ou d’hibiscus, de réglisse, de sauge, de fleur de sureau, de menthe douce, de thé vert ou de baies de genévrier, de piment de la Jamaïque, de badiane, de basilic, de citronnelle, de curcuma, de poivre long ou de fleurs d’oranger… Les « Bouillons de Charles », comme il les a nommés, offrent d’autres alternatives au café et au thé.
A l’heure des prêts à boire, des concept stores, du marketing et des capsules, l’idée peut sembler saugrenue de proposer des boissons à préparer en dix minutes, mais c’est peut-être aussi ce qui plaît : reconnaître les ingrédients de ce qu’on consomme, suspendre par moments la course après le temps.
Travailler les plantes comme on travaillerait le vin : en ne visant pas d’autre résultat que le plaisir gustatif
« La forme tisane, analyse Charles Demau, peut paraître désuète. Ca fait 2000 ans qu’on l’utilise. On sait qu’elle agit et qu’elle hydrate, mais les effets thérapeutiques occultent souvent les saveurs. Or on peut travailler les plantes comme on travaillerait le vin : en ne visant pas d’autre résultat que le plaisir gustatif. Il faut sortir de l’équation tisane égale pisse-mémé ! ». Peu à peu, les Bouillons de Charles ont conquis les papilles.
Tranquillement, ils ont gagné, et s’affichent même à la carte de quelques restaurants gastronomes. Sans aucune « georgesclooneyrie », ils se sont fait leur petite place et leurs adeptes particuliers. A ceux qui entrent par hasard, Charles Demau fait goûter. Il a toujours à disposition l’une des infusions de son crû dont il laisse aux dégustateurs le soin de deviner les composants. « Celui-ci est plus doux », indique-t-il en parlant du lavande-marjolaine-fleur d’oranger, « le basilic badiane, réglisse est plus anisé… ». Quant au cannelle-gingembre-piment-réglisse, « Isabelle Adjani l’a trouvé délicieux, confie-t-il. Elle l’a goûté à la Tupina… ». Il n’est jamais mauvais, quand-même, d’avoir la caution d’une star !
La gourmandise appelant la gourmandise, les plantes se sont vu bientôt entourées d’autres produits savoureux. Sans verser dans l’épicerie – aussi fine, pourtant soit-elle – on a vu s’ajouter les miels de bruyère ou de fleurs, la confiture de citron de Menton, et puis, les huiles alimentaires se sont mises à côtoyer les huiles essentielles. Venues de Sicile ou de Provence, les huiles d’olive distillent des arômes d’amande et d’artichaut, de de tomate et d’herbe fraîche, de champignon, de sous-bois et de truffe. Charles Demau les fait goûter à la petite cuillère, ainsi que celles de noix, de noisette ou d’amande grillée de l’huilerie artisanale de Neuville dans le Poitou. Avec la marjolaine du soir ou l’aubier de tilleul drainant qu’on vient chercher avant le printemps, les clients du Tisanier d’Oc se laissent tenter par l’orange du paprika, l’or du curcuma, le jaune du curry ou le sombre du poivre long. Les plantes ici sont bonnes au goût autant qu’elles le sont pour la santé.
Un reportage de Carinne Arribeux publié dans Sud Ouest Le Mag du samedi 10 janvier 2015.
2 Commentaires sur "A Bordeaux, les tisanes gourmandes de Charles qui nous changent du « pisse-mémé »"
bonjour je suis a la recherche de thé gingembre curcuma je vous remercie pour votre reponsse M ROBERT
Bordelaise, je vis dans le Gard. Je vous ai decourvert par l’article paru dans le magazine « ESPRIT D’ICI » que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt.
Juste une question: pouvez-vous faire des préparations et des expéditions. Je cherche un mélange sérieux pour éliminer tranquilement quelques 10 kg de trop. Restant dans l’attente,
Merci déjà de votre reponse. Mme Koopmans