Le chef girondin roule pour M6, qui inaugure lundi 18 avril 2011 à 20 h 30 l’adaptation française du programme britannique « Cauchemar en cuisine ».
«Philippe, on vous veut. » Le forcing de M6 a payé. Réticent, Philippe Etchebest, le chef 2 étoiles de l’Hostellerie de Plaisance, à Saint-Émilion (33), a finalement accepté de rivaliser avec le célèbre Gordon Ramsay. Un défi de plus pour ce battant qui n’a peur de rien, Meilleur Ouvrier de France et prétendant déclaré à la troisième étoile dans le Guide Michelin.
Les téléspectateurs qui découvriront la personnalité d’Etchebest lundi soir – l’émission est programmée à 20 h 30 – ne seront pas déçus. L’ancien rugbyman et ancien boxeur, franc et entier, assène les vérités qui ne sont pas bonnes à entendre. Tant pis si Pierre-Marie, le patron du restaurant proche de la faillite, dans la rade de Toulon, se met à le haïr, il y va du succès de la mission. « Je suis dans mon rôle. Ce n’est pas moi qui ai choisi le restaurant, ce sont les experts de la chaîne. J’arrive, je regarde, j’analyse, je rentre dedans, je casse. » Au moins, c’est clair.
Soupe de poissons nulle
Car rien ne va : l’emplacement n’est pas terrible, tout au bout de la digue ; l’ambiance est déplorable ; la cuisine de Sissi, la femme de Pierre-Marie, sans énergie ; le personnel ne sait plus où il habite ; le couple, empêtré dans les difficultés, ne se consacre pas comme il faut à sa fille de 10 ans, Jade.
Comment relancer la machine ? Comment transformer Pierre-Marie ? Comment servir une soupe de poissons qui ne soit pas nulle ? « Je me mets à leur portée, je ne place pas la barre haut, je remotive, je martèle qu’il est possible d’améliorer le quotidien », explique Philippe Etchebest. Il ajoute : « De ce point de vue, c’est une aventure humaine exceptionnelle. »
Dominique, sa femme, avait raison de l’encourager à y aller. « La télé ne se résume pas à la bande-annonce. » Philippe se réjouit d’apporter « une vraie aide ».
Avec Johnny Wilkinson
Quand il a dit à Sissi qu’elle servirait la meilleure soupe de poissons du port, Philippe avait une idée derrière la tête. Il s’est rapproché de son père, Jean-Pierre, cuisinier comme lui, qui faisait une soupe de poissons excellente quand il avait le restaurant Le Chipiron, cours de l’Yser, à Bordeaux. Il a parlé avec Sissi, lui a donné la recette et, quand il est revenu à Toulon, qu’il a goûté la soupe version revue et corrigée, il s’est régalé.
Pas de fatalité, il suffit de créer la prise de conscience, de redonner des raisons d’y croire. Pareil pour Pierre-Marie, qui avait besoin d’un traitement de choc.
Un restaurant, c’est une équipe, des valeurs communes. C’est aussi, quand on est le patron, la capacité à entraîner, à donner l’exemple. Etchebest propose à Pierre-Marie d’aller assister à l’entraînement du RC Toulon, à Mayol. Le stade est à proximité du restaurant. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il enfilera la tenue sportive et jouera un quart d’heure avec Johnny Wilkinson et ses camarades.
« Il a fini en vrac, mais moralement, ça lui a fait un bien terrible, c’est un autre homme », assure Etchebest, convaincu que maintenant, « plus rien ne sera comme avant ».
Article de Jacques Ballarin publié le 14 avril 2011 dans Sud Ouest. Photos Philippe Taris et Claude Petit (archives).
A découvrir sur le site de M6 : les vidéos de l’émission britannique originale « Cauchemar en cuisine ».