Dimanche 30 novembre, un «concert pour la bouche, l’oreille et le nez» réunira le groupe Pigalle, de grands chefs et des adeptes des vins naturels au Rocher de Palmer à Cenon dans le cadre du festival Bordeaux S.O good.
Avec le groupe Les Garçons Bouchers, les éditions Charcuterie et la maison de disques Boucherie Productions… on savait depuis des lunes que François Hadji-Lazaro aimait la bonne chère. Avec Pigalle, il propose une formule inédite, conjuguant musique, vins naturels et gastronomie. Opéra-bouffe ? Presque.
« Sud Ouest ». Quel est le concept du « concert pour la bouche, l’oreille et le nez » ?
François Hadji-Lazaro. En général, pour fêter la sortie d’un album, il est de coutume de présenter à Paris un concert un peu spécial. Avec des chorégraphies, des effets de mise en scène ou des projections d’images, ce genre de choses. Pour Pigalle, j’ai trouvé une autre idée, tout aussi culturelle : associer notre musique à la découverte des vins naturels et la rencontre de vignerons et de chefs cuisiniers. Ce sujet me passionne depuis longtemps. Je suis sur la route depuis près de trente ans et j’ai souvent eu l’occasion de rencontrer des vignerons et des chefs, et de tisser de vraies amitiés avec certains d’entre eux, comme Yves Camdeborde.
Pour la soirée de lancement du dernier disque de Pigalle, on a fait un « concert pour l’oreille, la bouche et le nez », qui a bien fonctionné et a été assez suivi. C’est ainsi qu’on a été contactés pour renouveler l’opération pour le festival Bordeaux S.O good.
Pourquoi avoir accepté de renouveler cette proposition ?
L’idée m’a plu parce qu’on m’a laissé le choix des vignerons. Et puis, dans le Bordelais, je trouve intéressant d’apprendre à aller chercher des vins différents.
Quant à la cuisine, ça m’a toujours intéressé. J’adore passer du temps derrière les fourneaux à préparer des plats. J’ai toujours considéré la cuisine comme un acte de création artistique à part entière. Même la cuisine quotidienne, quand je fais à manger pour mes mômes. Je m’y sens tellement bien que je me permets même d’inviter des chefs à dîner chez moi !
Comment avez-vous découvert les vins naturels ?
Je suis venu au vin… par le rugby, auquel j’ai joué tout jeune. On se retrouvait ensuite dans un vieux bistrot auvergnat, qui vendait du charbon et du beaujolais. J’étais tout môme ; ça m’a marqué. Aujourd’hui, à Paris, le circuit des vins différents et naturels existe, mais il est tout petit.
Toutefois, on compte de plus en plus de cavistes et de bars à vins naturels, partout en France. Et on voit toute une génération de jeunes vignerons s’y mettre, c’est une réalité. Au passage, je me réjouis de voir aussi que de plus en plus de filles intègrent ce milieu très macho.
Ce n’est certainement pas par hasard si ce développement des vins naturels coïncide avec une prise de conscience de l’écologie et du besoin de consommer des choses saines. Bien sûr, c’est le genre de choses qui sont systématiquement récupérées par les bobos, mais pas seulement : ça intéresse beaucoup de monde.
Le développement des vins naturels peut-il faire changer les habitudes des amateurs de vin ?
Ça peut faire bouger les choses, oui. Bien sûr, tous les vignerons naturels n’ont pas des résultats à la hauteur des espérances. Comme dans n’importe quelle discipline artistique, il faut repérer ceux qui font du bon travail.
Je crois que l’envie de changement est une réalité. Produire des vins naturels, c’est beaucoup plus de travail que le traitement chimique, mais c’est aussi tellement plus passionnant. Ça demande un investissement physique au départ, avec une grande prise de risques… C’est aussi une façon de voir les choses autrement que par le prisme du business habituel du vin, qui est quand même par excellence le système commercial le plus capitaliste qui soit… Je doute que ça chamboule vraiment les choses dans un terroir aussi installé que celui du Bordelais, dont le plan commercial est fignolé depuis des siècles.
Jouerez-vous un répertoire spécial pour l’occasion ?
Non, c’est le concert classique de Pigalle. Quand la musique démarre, ce n’est plus « miam et glou » mais pour les oreilles. Et sitôt la fin du concert, c’est reparti mon kiki ! Les vignerons seront là pour présenter et servir leurs vins, les chefs pour faire déguster leurs bouchées… Ça n’aurait pas de sens autrement. Ce qu’on veut proposer, c’est un moment d’échange et de rencontre avec des gens passionnés.
- Dimanche 30 novembre à partir de 18 h, au Rocher de Palmer, à Cenon (33). De 16 à 20 € (pack concert + 2 verres + 6 bouchées : 30 €). 1 € la bouchée, 3 € le verre de vin. 05 56 74 80 00/ www.lerocherdepalmer.fr
Un article de Stéphane C. Jonathan paru dans Sud Ouest le 26 novembre 2014.