A Boé (47), l’eau qui borde la Garonne, très pure, s’avère propice à la culture du cresson de fontaine, plante potagère peu connue mais aux nombreux bienfaits.
Des serres et des champs à quelques mètres de la ville. Depuis douze ans, François et Odile Viot cultivent le cresson sur leur domaine de 14 hectares (dont sept sous serres). Maraîchers dans les Ardennes, ils sont arrivés par hasard dans le Lot-et-Garonne, devenu leur terre d’accueil et de travail. C’est depuis Boé, à quelques encablures d’Agen, qu’ils produisent près de deux millions de bottes par an de cette plante. 30% du volume part en Grande-Bretagne, les Britanniques étant de plus grands consommateurs de cresson que les Français (200 grammes par personne et par an pour les premiers, contre 50 pour les seconds).
Alors pourquoi un tel désintérêt dans nos contrées ? « Nous entendons beaucoup ‘‘on ne le trouve nulle part’’. En fait, il est mal référencé chez les grossistes et les supermarchés. La difficulté est de trouver comment bien le conserver à l’étalage. Il doit être conditionné très froid après la cueillette », jauge le producteur qui revient du Salon de l’Agriculture.
Les Anglais parlent même d’une molécule anti-cancer contenue dans le cresson
Pas toujours populaire dans les assiettes, l’histoire du cresson remonte pourtant à l’Antiquité : les Romains le consommaient en fin de banquet… pour remettre leurs idées en place ! Une autre légende dit qu’Hippocrate, le père de la médecine, aurait souhaité des cultures près de son hôpital pour soigner ses patients avec du cresson frais.
Car les vertus sanitaires de cette crucifère (comme le brocoli) sont multiples. Selon plusieurs études, elle serait plus forte en vitamine C que l’orange. Mieux, elle contiendrait davantage de calcium que les épinards et vaincrait les problèmes de peau : en pommade, elle permet de lutter contre l’acné et d’accélérer la cicatrisation. « Surtout, si elle est riche en fibres, elle n’est pas du tout calorique », soutient le cressiculteur. Les Anglais parlent même d’une molécule anti-cancer contenue dans le cresson.
En bouche, le cresson, cru, intègre parfaitement une salade, alors que la crème ou le velouté subliment ses accents poivrés. « Les Français le consomment surtout en soupe alors qu’il s’agit d’un exhausteur de goût, qui réveille le palais et le nettoie », ajoute même François Viot. L’important est de ne pas le cueillir sauvage.
Bientôt un label pour protéger l’espèce?
On le sème d’août à octobre, et, dès cinq semaines, les premiers résultats sont visibles. La pousse s’avère, en réalité, proportionnelle à la température et la qualité de l’eau. « Il faut toujours que l’eau soit en dessous des feuilles, ce n’est pas compliqué mais il faut être précis et attentif », poursuit Odile, son épouse. Qu’elle soit de source aussi, ou de forage pour éviter les parasites. L’eau qui nourrit le cresson agenais provient, elle, des Pyrénées. Sa culture améliorerait l’état de l’eau. « Il possède un impact positif sur son environnement : une bonne cressonnière peut durer cent ans ».
La botte n’est pas la seule utilisée. En moyenne, quatre tonnes de graines sont vendues. Certains s’en servent pour réaliser de l’huile essentielle, à l’image de la Chine. Aujourd’hui, ce sont près de 20 employés qui œuvrent à la traçabilité du cresson au cœur des serres de Boé. « Nous sommes actuellement dans un tournant : nous savons qu’il s’agit d’un super produit et que ses débouchés sont prometteurs », lance François Viot. A terme, l’homme espère, avec les autres membres du syndicat européen des producteurs, obtenir un label pour protéger son espèce.
Les Cressonnières d’Aquitaine
Tél. 05 53 96 86 73 ou 05 53 96 34 63
Un article de Carine Caussieu publié dans Le Mag Sud Ouest du samedi 05 avril 2014
Un commentaire sur "Les bienfaits oubliés du cresson d’Aquitaine"
Où peut-on acheter votre cresson ?
Donnez moi vos points de vente, Merci.
A Fumel, Villeneuve ou Agen.