Le château de Mirambeau, en Charente-Maritime, offre calme et bien être. La table, nouvellement étoilée, est un argument de fréquentation.
Un mini palace a-t-il la place à la campagne ? Mirambeau n’est ni Eugénie les Bains (l’aura de Michel Guérard) ni Saint-Emilion (cité classée au patrimoine mondial de l’Humanité) mais a une situation géographique intéressante à 50 minutes de Bordeaux et à 35 minutes de Cognac. L’amoureux de la vigne et de ses bienfaits y sera sensible et, la commune charentaise, autre avantage, est l’étape idéale sur l’axe autoroutier Paris-Biarritz. Les temps sont difficiles, Frédéric Boivent, le directeur du château, propriété depuis 2011 d’investisseurs italiens (Sorgente Group), rappelle que dans une belle demeure (l’hôtel, 22 chambres, est classé 5 étoiles) « tout coûte » et qu’il faut donc des recettes.
Le château actuel, de style néo-gothique, principalement reconstruit à partir de 1820, sur des bases voûtées, encore existantes et visibles de nos jours, d’une ancienne forteresse médiévale du XIe siècle, offre un style et un site qui rendent l’expérience unique : un parc de 8 hectares avec en perspective les rives de la Gironde, les côtes du Médoc et les hauteurs de Pons, une décoration prestigieuse, des tentures en soie, un art de la table raffiné, nappages, vaisselle, chandeliers, une véranda et une terrasse paysagères.
Espoir, avec l’étoile obtenue dans le Michelin 2014 , de décider les girondins et les charentais à découvrir le restaurant
La clientèle, internationale (55 %) et française (45 %), à l’exception de l’été, vient par à-coups, et, constat qui chagrine, la clientèle régionale –Bordeaux notamment- est infime. D’où l’espoir, avec l’étoile obtenue dans le Michelin 2014 , de décider les girondins et les charentais à découvrir le restaurant. La gastronomie est un argument de fréquentation, l’effet Michelin se remarque, le public local est bichonné, les budgets serrés sont traités avec les mêmes égards que les budgets chanceux.
Le chef, Maxime Deschamps, originaire du Limousin, est arrivé en 2010 après avoir passé 15 ans dans les petites Antilles françaises, à Saint-Barthélemy. Sa cuisine, précise et savoureuse, est sous double influence, celle des îles pour la légèreté et les parfums (les produits de la mer), celle de l’Hexagone et de notre région pour la franchise des goûts et les produits de la terre. Le « menu gourmet » (50 €), deux plats au choix, avec, en prime, des bouchées gourmandes salées et sucrées, donnait à goûter le jour de notre visite le maigre mariné aux agrumes et le dos de cabillaud cuit à basse température.
Dans les deux cas le plat plaisait par son ambiance gustative, une suite de petites notes exotiques inattendues et justes : le poivre timut du Népal et l’eau de litchi en gelée pour le maigre, l’écrasé de carottes blanc et rouge au gingembre, le crumble de pain d’épices et le bouillon de la mer pour le dos de cabillaud. Le dos de maigre laqué aigre doux servi avec un soupçon de banane, de l’olive, de l’aneth et un artichaut barigoule est de la même inspiration.
On mentionnera également la suprême de canette à la mangue (un joli accord) et le demi-pigeonneau en croûte de corn flakes bio et pistaches de Sicile, une création originale. Pour les desserts les crêpes Suzette flambées au grand marnier et le soufflé chaud au caramel et fleur de sel de l’île de Ré sont les incontournables.
Le « menu gastronomique » (70 €) et le « menu dégustation » (100 €) permettent d’aller plus loin dans la découverte de la cuisine de Maxime Deschamps. Carte des vins sérieuse, les tarifs, élevés, sont en rapport avec le prestige de l’établissement membre de l’association des Relais & Châteaux. Vin au verre à partir de 10 €.
Un article de Jacques Ballarin paru dans Le Mag Sud Ouest du samedi 28 juin 2014.
Château de Mirambeau, 1 avenue des Comtes Dûchatel 17150 Mirambeau 05 46 04 91 20